Apr 29, 2013

La corruption tue l’avenir des jeunes


La corruption est un mot que presque tout le monde connait maintenant à Madagascar, vu l’ampleur du phénomène. L’Etat a instauré le BIANCO, une institution « indépendante » pour lutter contre la corruption. Mais l’évidence est que la corruption reste une réalité que vivent les Malgaches au quotidien. Le BIANCO est souvent dénoncé comme «non indépendant » car le plus souvent les hautes personnalités ne sont jamais inquiétées. Les citoyens malgaches sont las de constater que même s’ils dénoncent des cas de corruption avec des faits concrets, leurs dénonciations n’aboutissent jamais. C’est pourquoi ils ne veulent plus perdre leur temps à déposer plainte ou à dénoncer un délit, ce qui est bien dommage.

Le fléau est présent à tous les niveaux de la société malgache. Le plus souvent, un Malgache victime d’un délit n’ose pas porter plainte faute de moyens pour soudoyer l’enquêteur ou même le juge, pour que justice soit. Si cela continue, les prisons seront bientôt remplies par des personnes innocentes qui n’auront pas pu defendre leur verite en faisant de la corruption, et non des malfaiteurs.

Dans les quartiers de Tuléar, les ruelles publiques sont de plus en plus rares car les personnes qui sont proches du chef de quartier n’ont aucun scrupule à s’en accaparer pour étendre leurs propriétés, et toutes les plaintes des voisins restent toujours sans suite. Ça a notamment été le cas dans les quartiers d’Ankatsaky, de Tanambao Montombe, etc. Récemment dans un carrefour du quartier de Sanfily, un chauffeur sans permis conduisant un camion sans aucun papier avait tenu tête à des agents de police en service qui le contrôlait. Il défiait les policiers en annonçant qu’il connaissait un commissaire. Si toutes les personnes en tort qui connaissent un commissaire ou un haut fonctionnaire de l’Etat faisaient cela, imaginez l’anarchie qui en résulterait.

L’Etat déclare vouloir à tout prix lutter contre l’insécurité, mais ce qu’il doit savoir c’est que le fléau qu’il fait mine d’ignorer est la principale source d’insécurité. Les «malaso» récidivent car ils sont sûrs de pouvoir sortir rapidement de prison s’ils se font prendre. Vu que l’obtention d’emploi doit toujours passer par la corruption, les jeunes, désespérés et sans recours, se ruent vers le banditisme et les malversations de tout acabit.

Le problème est que la corruption est loin d’être la priorité de l’Etat, vu que beaucoup de hauts  fonctionnaires y sont abonnés. Jusqu’à présent, aucune politique gouvernementale ne favorise réellement la lutte contre la corruption. Un journaliste avait par exemple demandé à Madame Lanto RAKOTOMAVO,  lors du YLTP Open Space de Septembre dernier à la Gare Soarano (Antananarivo), en sa qualité de Secrétaire Nationale du parti TGV, parti au pouvoir, quelle était la politique du parti pour éradiquer la corruption. La réponse fut vague.

Les efforts du BIANCO sont apparemment fictifs, vu que dans tous les examens d’Etat, seuls ceux qui usent d’influence et paient des millions d’Ariary réussissent. Si cela continue, les futurs dirigeants de notre pays seront des incapables.

Ce problème-là nous concerne plus, nous les jeunes. Car notre avenir est entre les mains d’un régime qui ne se soucie pas de l’impact des actes d’aujourd’hui sur notre devenir à nous.

Nous avons le devoir de faire comprendre nos priorités aux dirigeants, et notamment qu’il est crucial de construire aujourd’hui une bonne base pour des lendemains meilleurs. Car l’avenir n’est pas encore nôtre, mais c’est dans le présent que nous construisons un avenir qui pourrait nous appartenir.

RAKOTOARISON Aralino Roger
WYLD Atsimo Andrefana
WYLD VOICE n° 02 - Mars 2013

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